Des luttes systémiques
Si certains mots utilisés te sont inconnus ou que tu n’es pas sûr.e de leur signification, un glossaire est disponible sur cette page!
Les débats traditionnels portant sur les causes (et responsabilités) du changement climatique, et les moyens d’y remédier (les solutions) ont tendance à se focaliser sur les émissions de gaz à effet de serre et sur la consommation de ressources, en sous-estimant ou en ignorant complètement les moteurs structurels du changement climatique et de la vulnérabilité. L’incapacité à reconnaître les dynamiques politiques, économiques et sociales qui ont mené au réchauffement climatique (et qui ont rendu certaines personnes plus vulnérables face à ses impacts) ne peut cependant mener qu’à des conclusions inappropriées sur les causes (et responsabilités) et des solutions au changement climatique.
Au contraire, nous pensons que la problématique de la justice climatique est étroitement liée au capitalisme et à d’autres systèmes d’oppression, que ce soit le patriarcat, le racisme et le colonialisme, la cishétéronormativité, le classisme, le validisme, le spécisme… (pour ne citer qu’eux). Nous pensons que ces systèmes d’oppression sont à la fois à la base du changement climatique, et sont renforcés par ce dernier. Nous clamons également que toute libération qui aurait lieu au détriment d’autres groupes opprimés n’est pas une vraie libération. C’est la raison pour laquelle nous plaidons pour une meilleure compréhension des différentes oppressions et des luttes contre celles-ci afin de nous en libérer. Dans la mesure où ces formes d’oppression sont interconnectées, nous plaidons pour des formes de résistances interconnectées, qui ne peuvent naître que d’une forme de dialogue sincère, qui requiert du temps et des espaces. Ces espaces peuvent être de nature physique (sous la forme d’une infrastructure physique comme le camp pour la justice climatique, qui a été pensé comme un lieu de rencontres) ou mentale (en nous éloignant temporairement d’un activisme orienté vers les actions et les résultats) et doit appartenir à tou.te.s dans un esprit de co-construction.
C’est la raison pour laquelle nous avons pensé qu’un premier pas était de donner du corps à la justice climatique, en interrogeant certaines personnes et certains groupes sur leurs relations au changement climatique, en relation avec leur position dans les structures de pouvoir. Entre mars et juin 2019, nous avons organisé une série d’événements « Shape the Camp » pendant lesquels des personnes concernées (par ces différentes formes d’oppression) sont venues partager leur expérience et leur relation au changement climatique et au mouvement climatique. Iels ont également partagé certaines idées sur la manière de rendre le camp le plus safe possible pour tou.te.s.Quatre « Shape the Camp » ont été organisés, sur le féminisme, les problématiques LGBTQI+, l’antiracisme et le décolonialisme, l’âgisme. Nous vous invitons à lire les comptes-rendus de ces rencontres organisées en non-mixité choisie.
A partir de ça, nous avons réfléchi aux manières de refléter ces conclusions dans la construction du camp. Nous avons par exemple décidé de:
- Offrir des espaces de non-mixité au sein du camp, afin que tout le monde se sente à l’aise,
- Créer une équipe awareness, pensée comme une pratique collective pour protéger nos communautés contre les agressions et les comportements oppressifs;
- Construire collectivement un programme qui donnera de l’espace à d’autres luttes et à des personnes concernées par différents types d’oppressions; nous souhaitons également proposer une compensation financière pour ces personnes concernées car nous sommes conscient.e.s que la venue au camp peut être un sacrifice pour certaines personnes;
- Rendre ce programme le plus accessible possible, en mettant en place un système d’interprétariat vers le français, le néerlandais et l’anglais;
- Proposer de la nourriture vegan et des alternatives pour celleux qui ont des allergies.
Le camp pour la justice climatique est également un lieu où tout le monde devrait questionner ses privilèges. C’est la raison pour laquelle nous sommes en train de rédiger une Charte qui se compose de principes auxquels tout le monde devrait adhérer pour participer au camp.